Rêvons respirons

lundi 28 août 2023

L’union en politique, utopie majeure et réaliste

Ah, l'union. Utopie ultime, promesse de dépassement et de noblesse. Raison, sans doute, pour laquelle elle se fracasse si souvent, contre l'humanité, contre la politique. Et pour laquelle la politique se fracasse trop souvent contre l'union.
Le choc du calcul contre l'espoir et l'Esprit.
Après le Front populaire, l'Union de la gauche de 1972 et le Front de gauche, voilà de nouveau la gauche face à ses tentatives de hauteur et ses tentations de bassesse.
Un acronyme comme on n'en rêve pas : la Nupes.
Des actes, des hauts, des coups de griffe. On ne compte plus.
Au rang de ces derniers, des actes politiques : les intentions de listes écologiste et communiste aux élections européennes. Et un acte innommable, l' "accueil" réservé à Marie Toussaint, possible tête de liste écologiste, aux Amfis de la F.I.
L'union est une antidote au chaos. C'est un domaine â part, la construction délicate, empathique, faite d'écoute et de réciprocité, d'un assemblage social à visée de concorde. Elle ne s'arrête pas au partage du fromage électoral, elle y commence.
Des écologistes et des "Insoumis" ont voulu n'en faire qu'à leur tête. Les premiers avec leur liste (on savait bien, pour autant, qu'ils ne laisseraient pas leur échapper un pareil butin électoral récurrent), les seconds, en invitant Marie Toussaint aux Amfis pour la conspuer.
J'ai des raisons strictement personnelles de comprendre cette liste écolo, et toutes les raisons de penser qu'elle fait redescendre l'esprit unitaire au ras de l'asphalte.
Je comprends l'indignation militante, si prompte à se déchaîner en meeting, mais il appartient toujours aux invitants de soigner leurs invité(e)s, et aux dominants, même les plus légitimes, d'être exemplaires dans la domination des vindictes et passions.
Exemplarité, maître-mot d'ordre des Unions, à laquelle les participant(e)s au festin Nupes manquent avec régularité.
Encore une promesse que les lois insondables de la bétise renvoient au statut d'utopie.
Dommage.

samedi 19 août 2023

Après la déclaration de Anne-Sylvie Bameule (Actes-Sud) sur la concentration dans l'édition

 Madame Anne-Sylvie Bameule, Présidente du Directoire d'Actes-Sud, appelle à "une
régulation de l'Etat" face à la concentration de l'édition, et aux dangers et fléaux qu'elle porte.

On s'est frotté les yeux avant d'y croire, tant un tel discours était inattendu et contrevient au discours entrepreneurial courant - dans lequel le moins d'Etat possible est une constante, sauf, naturellement, demande d'éxonération de cotisations. Passons. Mais on applaudit sans réserve.
Non sans se demander, cependant, pourquoi une réaction aussi tardive (le mal est fait et remonte à loin), pourquoi la voix de Mme Bameule est, pour l'instant, si isolée dans le monde de l'édition-diffusion-distribution, pourquoi ce monde-là reste bouche-bée, tétanisé, face à des menaces qui concernent de plus en plus directement le commerce des livres lui-même mais aussi la création.

Et non sans déplorer que Mme Bameule n'ait pas joint sa signature aux 44 parlementaires nationaux et européens (tous/tous de la Nupes, il est vrai, cela suffit souvent pour détourner le regard) qui ont signé dans "Médiapart" une tribune il y a quelques semaines, allant très précisément dans le même sens.
Mais ne boudons pas notre plaisir.
Tout(e) professionnel(le) de l'édition-diffusion-distribution, tout(e) amateur/trice des livres, doit aujourd'hui ouvrir les yeux et réaliser que si il/elle ne prend pas son destin en mains, d'autres le feront à sa place. Le processus est tellement en cours que, n'ayons pas peur de le dire : il y a urgence.

samedi 25 mars 2023

Réforme des retraites, échec social-démocrate

Il aura tout essayé pour faire passer sa réforme. Mais tout a mal tourné, et il n’a plus qu’un levier pour y arriver : l’usure, la lassitude, devant l’évidence que contester coûte cher et fatigue, quand la fatigue est déjà si forte.
A moins qu’il parie sur un conflit dur, une conjonction favorable des étoiles pour l’emporter, et un écrasement de l’indignation par ce valium social qu’est la résignation.

Toujours est-il qu’au passage, la méthodologie sociale-démocrate a, d’emblée, doublement échoué.

Premier échec, lever l’ancre sans la seule force à même d’éviter à la traversée de tourner à la galère, la CFDT. Pas de chance : pour son avant-dernier congrès, une motion de refus du décalage de l’âge de départ en retraite avait valu au secrétaire général de passer près d’une mise en minorité. Il ignorait le coup de semonce, il soutenait le projet de réforme, et, pour le prochain congrès (son dernier), près de 40 ans de travail pour intégrer la CFDT dans l’économie sociale de marché européenne risquaient l’annulation.
Non seulement il n’a pas pris le risque, mais son investissement dans l’intersyndicale en a surpris plus d’un. Même s’il n’a pas pu s’empêcher, dans le même temps, depuis d’envoyer des banderilles à la CGT et à la Nupes.

Et donc, faute de soutien côté centre-gauche, on s’en alla à la pêche au centre-droit et à droite, et on connaît le résultat.

Deuxième échec, tenter la méthodologie sociale-démocrate du donnant-donnant, gagnant-gagnant : sa réforme tourne au vinaigre ? Il veut la vendre quand-même, à des syndicats ignorés jusque-là, et, promis-juré, on négocie ensuite sur tous les sujets qui fâchent : travail, partage des richesses… 
Faire avaler une pilule économique, façon louche d’huile de foie de morue, et faire miroiter un gain social en récompense : l’enfance de l’art social-démocrate.
Hélas, ça ne marche pas plus.
Le mécanisme aurait pu fonctionner s’il avait été présenté dès le début de l’opération : on aurait peut-être vu la combativité du secrétaire général de la CFDT trembler sur ses fondations, devant la possibilité que s’illumine de nouveau l’autel du compromis.
Mais, en rattrapage d’une opération de bas étage et complètement ratée, l’opération était sans crédibilité possible.

Reste le compromis social, malmené comme jamais avec ce projet de réforme : l’instrument d’une recherche de justice redistributive, avec le capital aux manettes et le travail en suiveur de bonne volonté, clef de voûte de la social-démocratie, a comme du plomb dans l’aile.





samedi 25 février 2023

Sauvons l’économie de marché (séminaire 1)

Il n'est pas excessif de souligner quels dangers immédiats guettent l'économie de marché, et les potentialités immenses de développement, et de liberté, auxquelles elle donne accès.
Les refus de réformes indispensables, la réémergence d'anarchismes contestataires de l'entreprise et de l'ordre économique, la timidité de l'ordre public censé le protéger, font craindre à court terme un retour du désordre généralisé, que des armées privées ne pourraient même contenir.

Réunis en séminaire de réflexion, nous sommes unanimement convenus de dresser un court état des dangers qui se présentent devant nous à court terme.

Ce premier séminaire (qui s'est tenu en un lieu tenu secret au début de l'année 2023) est consacré aux deux premiers thèmes de la mort assistée et d'une première alternative possible (et nécessaire) au fameux "mamouth", l'éducation nationale.

Le suivant sera consacré à l'enfance et aux retraites.
Nous sommes mus par le vibrant espoir que nos alertes sensibiliseront nos dirigeants actuels et futurs. Qu'enfin le bon sens triomphe des barbaries convenues.

Le piège de la "mort assistée"

Derrière la revendication de la mort assistée, ou volontaire, mise en avant par une « Convention citoyenne », s’en cache une autre, mortifère pour la bonne marche de l'économie : celle de soustraire au marché une tranche d’âge qui promet d’être un de ses principaux rouages dans l’avenir proche.

Un corps encore vivant qui disparaît est un manque à gagner, une déstabilisation de l’industrie du mieux-être (pharmacie et parapharmacie) et un attentat contre les établissements d’accueil pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Le corps diminué est, pour nos forces de création économique et de compétitivité, une chance, un terrain de développement et d’éclosion qui leur revient de plein droit. Les en priver serait un mauvais signal envoyé aux investisseurs, pour la seule satisfaction d'esprits faibles et démissionnaires face aux défis du grand âge.

Nous continuerons, par ailleurs, de nous interroger quant au rétablissement de la peine de mort. Des sentences d’exécution en trop grand nombre auraient pour effet délicat de vider nos prisons d’individus plus rentables et disciplinés, dans leur activité productive pénitentiaire, que nombre d’autres en liberté. La prison est un lieu de plénitude de la valeur-travail, il serait dommageable qu’elle fût à la merci d’une application trop rigoureuse de la peine capitale.

Pour autant, si elles recevaient enfin les autorisations nécessaires, des cérémonies d’exécutions ambitieusement médiatisées, régies par des contrats voisins de ceux qui régissent les retransmissions de rencontres sportives (football…), seraient de nature à vaincre nos hésitations. On serait en présence de marchés justes, avec, d'un côté, des contenus extrêmement rentables pour leurs diffuseurs, et, de l'autre, des foules demandeuses de solutions visibles, immédiates et irréversibles, à trop de problèmes qui assaillent leur vie quotidienne, et frustrées de ces solutions depuis 1981.

                   Le salut du destin individuel et libre, contre celui de l'éducation nationale

Une autre marotte de notre société moderne est de "sauver l’éducation nationale". Pendant que l'on fantasme sur la sacro-sainte connaissance, le diplôme, la "formation de l'esprit", pendant que l'éducation nationale, qui prétend les dispenser à nos jeunes, ruine les finances publiques et n'a jamais empêché quiconque de devenir un escroc ou un agresseur de personne âgée, des secteurs aussi centraux que la restauration rapide manquent de main d’oeuvre. Les mêmes, qui pérorent contre les banlieues reléguées et le chômage qui y sévit, prétendent empêcher que s'y développent des restaurants McDonald's ou Burger King. Or ceux-ci apportent alimentation et animation aux quartiers abandonnés par l'Etat, et permettent de développer un emploi sain : un jeune embauché dans la restauration rapide reçoit une formation de qualité, que lui envient les compagnons de jeux qu'il croise dans le hall de son immeuble, et apprend l'émancipation, le bonheur du travail en équipe, et l'épanouissement au contact souriant des clients.
De surcroît, la flexibilité des temps de travail lui permet, une fois sa mission terminée, fier de sa journée de labeur, de regagner son hall d'immeuble, et de poursuivre d'autres activités commerciales de son choix.

Au même moment, sortent des écoles, grandes ou petites, des individus formatés, inaptes à occuper des postes productifs et rentables, de nature à alimenter l'économie et assurer un partenariat loyal avec un Etat réaliste, enfin respectueux de l'initiative privée. 
Coupés de la réalité économique et du peuple qui se lève tôt, ils n'ont d'abord à la bouche que les mots "salaires", "congés payés", et autres anti-valeurs du passé. Il se passe peu de temps avant qu'on les retrouve détroussant d'honnêtes voyageurs dans le métro ou grossissant les rangs des avaleurs d'allocations-chômage, le plus souvent fraudeurs. Si, comme il y a tout lieu de le craindre, nos gouvernants ne dessaisissent pas d’urgence l’Etat de prérogatives usurpées, dont l’éducation (d’incontestables progrès ont été accomplis dans cette voie), c'est une armée de robots improductifs qu'il nous reviendra d'introduire dans les cycles de production pour assurer notre compétitivité. L'immensité de la tâche requerra de sa part un effort financier considérable en faveur de nos entreprises.

                                                   --- Fin du séminaire 1 ---

vendredi 3 février 2023

Adresse à M. Jérôme Sainte-Marie

Monsieur,

Deux courts préalables .
Le premier : vous êtes très talentueux. Le deuxième : on prête à Voltaire le fameux "je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire". La citation serait apocryphe. Peu importe. Je ne sais pas pour quelle idée je mourrai volontiers (la République, sans doute), alors autant ne pas trop s'avancer, mais, pour moi, votre liberté de vous exprimer comme bon vous semble est comme les autres, inviolable.

Passés les préalables, allons au sujet.
Vous étiez un sondeur intéressant, brillant, vous êtes toujours cela, et aussi, depuis quelques temps, un militant nationaliste, au service de Mme Le Pen. Les animateurs de télévision vous apprécient : vous défendez avec brio, calme, culture et humour, une idée qui a commis des ravages dans le paysage politique, et qui, si elle n'était pas contenue, porterait la possible agonie de la République. Vous la défendez avec tant de ce talent dont il est question plus haut, qu'à vous seul vous la faites efficacement progresser.

L'idée s'articule en trois parties : 1 - la gauche est décrédibilisée, et inopérante pour accomplir sa mission historique de défense des classes populaires, 2 - lesdites classes populaires, toujours demandeuses de défense et protection de leurs valeurs et intérêts matériels et moraux, se dérobent à la gauche et se sont tournées, et se tournent toujours, vers le R.N., dépositaire aujourd'hui de la mission de les défendre, 3 - la gauche ne peut, elle, se dérober aux classes populaires, sauf à les trahir une seconde fois (voir plus loin).
Vous ne le dites pas mais le susurrez : le R.N. ayant succédé à la gauche, elle n'a d'autre choix que de le rallier, ou, carrément, lui laisser la place.

La première des trois parties repose sur un constat réel. Vous seriez crédible en la rappelant, si, malheureusement pour vous, vous ne preniez pas au passage vos désirs pour une réalité.
C'est aujourd'hui reconnu partout, sauf par les sociaux-médiocrates endurcis : oui, la gauche française a brutalement rompu avec les classes populaires il y a 40 ans, le fossé atteignant des proportions gigantesques depuis. L'alignement socialiste sur l'Europe et la mondialisation néo-libérales d'un côté, la chute de l'URSS de l'autre, ont plus fait pour creuser un abîme entre la gauche et le Peuple que des décennies de propagande de droite. Pire : à mesure qu'elle les décimait, la gauche tentait de convaincre ses militants et électeurs que c'était pour leur bien. Le bourreau était bienveillant : constante des discours mitterrandien, rocardien, puis hollandais.
Ainsi la gauche officielle est devenue gauche libérale de marché, la gauche communiste la vouant aux gémonies, tout en négociant avec elle des places éligibles dans les communes, les départements et les régions.
Et la gauche tout entière de s'étonner de ce pied de nez qui a consisté, chez beaucoup de ses militant(e)s et électeurs (trices), à la quitter, s'enfermer dans le mutisme civique ou dans le vote nationaliste.

Vous partagez probablement ce constat.
Et en déduisez que le fruit est mûr. Devenu culturellement et politiquement hégémonique dans le Peuple, le R.N. va voir venir à lui l'ancienne gauche en lambeaux. Ainsi la gauche, disiez-vous sur le plateau de "C ce soir" jeudi soir 2 février, se ralliera, ou porterait la responsabilité d'une division de la contestation de la réforme des retraites - et de son vote au Parlement.

Vous me faites penser, Monsieur Sainte-Marie, à cette scène de "Rebecca", le film de Alfred Hitchcock (d'après Daphné du Maurier), dans laquelle la terrifiante domestique de Manderley, trop nostalgique de son ancienne patronne pour laisser la nouvelle prendre place au manoir, l'hypnotise, et tente de la faire sauter par une haute fenêtre. "Sautez, mais sautez donc, vous en avez envie, vous le voulez...".
Pas de chance : elle ne saute pas.
Par contre, la domestique, Mrs Danvers, met le feu au manoir.

Nous sommes devant un potentiel point de bascule. Le fil est tendu. L'effort déployé par vous-mêmes et les 89 robots nationalistes en costumes bleus de l'Assemblée Nationale pour annoncer l'ordre nouveau est puissant. Parallèlement et mille fois plus efficacement, la mécanique macronienne (qu'on continuera d'appeler néo-libérale, faute de mieux) continue ses ravages dans une population de plus en plus convaincue que, laissée à elle-même par un système économique et un gouvernement qui ne veulent pas d'elle, elle n'a d'autre choix que la dépression, ou la violence.

Nul ne peut savoir ce que sera la réaction populaire, quel que soit le destin de la réforme des retraites. Si nous arrivons à l'arrêter dans la rue, notre devoir continuera d'être aux côtés des victimes de ce système inégalitaire.

Notre autre devoir, Monsieur Sainte-Marie, nous qui avons la Raison chevillée au corps et à l'esprit, sera de tout faire, tout, pour soutenir ces victimes, qui seraient demain les vôtres, tout en continuant de vous combattre, tout en essayant, par tous les moyens de l'intelligence, de convaincre nos concitoyens, de toutes origines ethniques ou géographiques, régularisé(e)s ou en attente de régularisation, que vous portez au mieux une supercherie. Au mieux.

En bref, nous ne nous rallierons pas.
Mais, et là encore vous avez raison, le travail pour que la gauche ait une allure présentable auprès de ses futur(e)s mandant(e)s, à conquérir ou reconquérir, est pharaonique. Aucune illusion n'est possible. Nous avons trop peu de temps pour être nos mauvaises copies, le travail, le courage, le dépassement, l'intelligence seront les carburants vitaux, faute desquels il vaudrait mieux ne rien tenter.

Heureusement, Monsieur Sainte-Marie, vous êtes là. Au cas où il manquerait à tel(le) ou tel(le) d'entre nous la plus petite motivation, vos annonces tranquilles de l'inévitable basculement de la République vers son délitement forgent une volonté, jusques-et y compris chez le rédacteur de ces lignes, pourtant le terrain d'un doute quasi-méthodique. Je me reconnais dans la formation la plus honnie de la Nupes, qui n'est pas chaque jour une bénédiction divine pour ses militant(e)s, mais j'y suis et j'y reste. Non par attachement affectif ou aveugle, mais parce que l'extrême dureté de ces temps, et les tentations irrationnelles qui émergent chaque instant (dont le R.N. est une puissante illustration), appellent à la responsabilité de chacun(e).

Je prends la mienne, et vous adresse, Monsieur Sainte-Marie, l'expression de ma considération distinguée.




mercredi 28 décembre 2022

"C'EST ECRIT D'AVANCE" : LA VICTOIRE POSTHUME DE GAVRILO PRINCIP.

                                                                      Sur les Gauches

Les Gauches sont une panne systémique. L'une a signé sa propre mort avec les traités de Maastricht et de Lisbonne, l'autre est dans la tentative désespérée de ne pas disparaître - et signe, avec la première, des accords électoraux de survie, qui ne remédient pas à son état. La première et la seconde revendiquent la légitimité du pouvoir quand plus personne ne vote, embauchent des écologistes dans leur fantasme, et stérilisent puissamment les possibilités d'alternatives.

La gauche est pour elle-même un handicap structurel, un complément alimentaire pour les droites et le néolibéralisme. La gauche ne produit rien. Elle attend du cycle démocratique une alternance électorale magique, qui permettra à son aile sociale-démocrate de poursuivre le travail néolibéral - en moins pire, jure-t-elle, et sous la véhémente protestation communiste. Or la droite, le système dominant, ne rendant pas leur tablier, la certitude des hiérarques de gauche que leur victoire est acquise, un jour, ou l'autre, tient du château de cartes.
La gauche ne se tirera du bourbier que moyennant un gros travail de fond : sur les conditions d'un bonheur commun conjuguant la culture et la planète d'un côté, la République, la Nation,  l'Europe et le monde de l'autre. Sur elle-même, aussi et surtout, et son incapacité pathétique à endiguer deux déclins : celui du cycle républicain et social issu des trois derniers siècles, et le sien propre.

Mais l'attraction du vide n'y suffit pas. Les gauches ne travaillent qu'à leurs arrangements électoraux, aveugles à la démission civique et culturelle : la voie est ouverte à la conservation du marché comme boussole totémique, ou à quelques aménagements, comme un "pire des systèmes, à l'exception de tous les autres" (Pierre Mauroy). Comme si suffisaient aux gauches leurs milliers de petites mains locales, élu(e)s, associatif(ve)s, acharné(e)s au chevet de la vie quotidienne, nues face aux contraintes économiques et sociales pour juguler les pauvretés et les misères. A son tableau d'honneur - en dehors des années 1981 à 1983 - la "gauche unie" n'accroche que le RMI et la CMU, les Restaus du coeur, et on en passe, elle ne génère que rejet et indifférence méfiante dans ce Peuple dont elle cherche tant les suffrages perdus.

                                                   Refondations, créations, LFI

L'ordre du jour militant et électoral de gauche, depuis les déclins du PCF et du PS, est de "refonder". Toutes les tentatives ont échoué, des Refondateurs communistes aux dissidences socialistes de J.P. Chevènement et du MDC (dans lequel militait l'auteur de ces lignes). Dans un grand marais de gauche surnagent depuis, tant bien que mal, des militant(e)s en attente d'une "nouvelle donne" (le mouvement éponyme ne décollant pas, lui non plus). C'est sur un désespoir de gauche que s'est créé le Parti de Gauche, en même temps que s'affirmait le courant écologiste.

Mais qu'importent, au fond, les refondations échouées, les créations de partis et mouvements, le dernier en date étant La France Insoumise : le plus important est ce qu'ils traduisent, à savoir l'acharnement d'une fraction militante importante se reconnaissant dans la République sociale, pour échapper au PCF et au PS. Autant le dire clairement : à la gauche.

Nous avons rejoint la France Insoumise en soutien à la République, en connaissance et conscience de l'aléa et de la précarité de l'entreprise, de nous-mêmes en tant que militants dans les "groupes d'appui" puis d'"action". Travaillé à "L'avenir en commun". Nous faisons avancer, localement et nationalement, des idées républicaines, avons fait nôtre l'exigence écologique dans la lignée du Parti de gauche, il y a plus de dix ans. Nous essayons de percer les ressorts, dont sociétaux, sur lesquels le capitalisme construit sa survie et contrarie les prévisions régulières de son effondrement. Nous apprenons. L’épreuve du réel est parfois d’une dureté extrême, le vertige nous assaille au détour d’une « République c’est moi » et des répercussions politiques et médiatiques d’un divorce raté. Nous avons éprouvé 6 ans de LFI, ses tensions, distorsions, les aléas du "gazeux" et les périls, plus présents que jamais, de la verticalité. Nous avons des cautions, des points d'appui, ces Livrets thématiques, ce groupe parlementaire travailleur sans relâche, qui secoue l'Assemblée et honore son mandat.

... Et cet ancien Président de groupe parlementaire, trois fois déjà candidat à l’élection présidentielle et à l’impossible tournée d’adieu.

                                                               Mélenchon, Jean-Luc

Tout le monde connait ce brillant alliage de culture et de technique politique, et son effet dynamiteur sur la vie politique. Nous avons un leader aussi populaire qu'insoluble dans une modernité (ou un modernisme) façonnée par le néolibéralisme. Il n'y aurait pas de nouveau François Mitterrand, aussi distant et de sang froid qu'une situation génère d'indignation et de colère. Non, ce leader-là répercute la colère telle une mèche destinée à l'explosion, aussi sûrement que la nuée porte l'orage, ou qu'une tension doit déstabiliser l'ordre établi.

Voire. Déstabiliser ? L'ordre établi fait tourner le monde, politique, médiatique, à l'immédiateté, à l'émotion, au plan serré, retourne la colère contre le coléreux qui, via l' "info en continu", est dépeint en instable, dangereux, décrédibilisé. C'est l'épisode de la perquisition au siège de la FI, illustration de la digestion du monde par la société du spectacle . Le même ordre établi déverse sur ses opposants une émotion populaire ou politique qui les ensevelit corps et biens, dès qu’une erreur, de la plus banale à la plus médiocre ou impardonnable, les pousse hors de leur piédestal et révèle leurs failles plus ou moins profondes. Avec deux affaires concomitantes, Adrien Quatennens et sa réorganisation, la FI a opéré une répétition de ce que pourrait être un parfait hara-kiri politique, et fourni à l’ordre établi un kit impeccable pour l’assassiner. En toile de fond, un chef ultra-charismatique auquel rien, à commencer par l’ordre établi, n’était censé résister, et dont les deux affaires montrent que c’est de sa propre organisation, de son propre édifice, que vient la résistance la plus farouche.
L'ordre établi a souvent prouvé qu’il sait retourner à l'envoyeur la bombe destinée à le faire exploser : la FI organise en septembre 2017 à Paris une imposante marche contre le "coup d'Etat social". Dans son discours place de la République, le président du groupe LFI à l'Assemblée, en recherche, plutôt réussie jusque-là, de stature de chef, lâche une phrase sur "la rue qui, en 1944 à Paris, a abattu les nazis". Kyrielle immédiate de condamnations, contre-réactions, interviews. Autour de la manifestation ? Non, autour de "la" phrase. La manifestation doit se contenter d'un traitement médiatique secondaire, elle n'a quasiment pas eu lieu.

L'ordre établi a dans son sac un autre tour décisif : une rationalité strictement économique, qui range dans le "hors-raison", l'irrationnel par nature, ce qui n'est pas néolibéral. La critique du marché, de la finance, de la mondialisation, la critique elle-même, est irrationnelle et disqualifiée. La rationalité économique étant seule raisonnable, ipso-facto la raison ne l'est pas. C’est ainsi qu’elle est non-seulement contenue, par le combat féroce de l’économie néolibérale contre les alternatives économiques et politiques qui pourraient lui faire de l’ombre par voie électorale, mais aussi et surtout chassée. L’ordre établi a vaincu l’esprit critique. La course réussie à l’abime social et environnemental a convaincu les peuples de la puissance invincible de son initiateur et promoteur, le néolibéralisme. Ils ont déposé les armes, et s’en remettent à lui, résignés, vaincus, pour tenter de sauver ce que ses opposants ont laissé détruire. Dans le même temps, les évangélistes affichent une belle santé en Occident, et le peuple chinois est devenu une immense chair à pâté pour les plus terrifiantes recettes néolibérales orchestrées par un pouvoir officiellement communiste.
 
Qui, pour dénoncer le pouvoir sans partage de ce délire, aux dépens destructeurs de la Raison, philosophique ou historique? Qui pour en dénoncer le résultat, à savoir que le maître des horloges se fait aussi maître de nos esprits, de nos temps de cerveaux disponibles ?
La tâche de déconstruire ce stratagème devrait être la nôtre, au plus haut niveau. L'immersion de la raison, de l'idée philosophique même, dans la sphère publique, est aussi farfelue, inconcevable, pour l'économisme néolibéral, qu'elle est vitale pour la reconquête conscientiste des esprits. Affaire d'éducation nationale en temps de pouvoir, et de pédagogie en temps d'opposition. Ce devrait être à la hauteur d'un mouvement aussi proche de l'éducation populaire que la France Insoumise.
Mais, ce stratagème, l’ancien Président de Groupe veut le défier en annonçant sa défaite téléologique.  La Raison, la vraie, vaincra, un jour ou l’autre, c’est écrit, il se fait fort de le démontrer, fermez le ban.  Jaurès, plus fort que Bill Gates, l’évidence déclenche le basculement de l’Histoire. Du coup, il n'en finit pas d'appeler à la seule, vraie et grande Raison, au plus fort de l'intelligence humaine, à l'esprit, au coeur. Toute sa grandeur est là. Ce faisant, il s'installe, avec son panache habituel, dans un Palais, celui de la Raison, que le capitalisme a cambriolé, vidé, dont il ne reste que des murs lézardés. Car la rationalité économique n'a que faire des Palais et de leur temps long : le "tout, tout de suite" économique se satisfait d'un bureau en open-space et climatisé.
La Raison a déménagé sans laisser d'adresse, mais c'est à elle qu'on continue, mordicus, de s'adresser.
Et la parole mélenchonienne de se perdre dans des bâtisses perdues, de s'évaporer à la vitesse du son et de l' "info". Le fond est un territoire à l'abandon, le public ne l'imprime plus. L'empire économique libéral moderne et médiatisé est formel. A la rationalité économique, hégémonique sur le temps présent et l'imagination du futur, la raison, déplacée du présent vers le néant, n'oppose plus qu'une légitimité historique, dont notre modernité mémophage n'a que faire.

                              "C'est écrit d'avance" : la preuve par Gavrilo Princip et Yigal Amir

Le 28 juin 1914, quelques secondes ont suffi pour faire basculer un monde en tension extrême dans la guerre. Il y avait de l' "écrit d'avance" là-dedans, avec cet entrelacs d'alliances et de traités internationaux à même de faire exploser la bonbonne militaire, diplomatique et industrielle, dès la plus petite flammèche. Le 28 juin 1914, l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche par Gavrilo Princip, irruption d'un acte solitaire, fou, imprévisible, et l'explosion de la première guerre mondiale qui s'en est suivie, ont imposé le bouleversement d'un jeu prétendument maîtrisé par les institutions.
Dépossession du cours de l'histoire par des actes individuels plus ou moins isolés, condamnant des chefs d'Etats et de guerre à suivre et aggraver un mouvement qu’ils n’ont pas initié, déstabilisation de la prévision historique, basculement instantané et brutal dans la tension extrême, aux portes de la guerre : la recette, en veilleuse jusqu'à l'éclatement du bloc soviétique et la mondialisation néolibérale, a aujourd'hui rang de doctrine.

Entre l'attentat de Sarajevo et aujourd'hui, il y a la création de l'Etat d'Israël, la coexistence introuvable entre peuples israélien et palestinien, et la montée en puissance de l'extrême-droite israélienne. Impossible d'attribuer à celle-ci, avec certitude, une bombe explosant à Tel-Aviv peu avant un scrutin législatif devant, normalement, porter les travaillistes au pouvoir, et amenant finalement une large majorité du Likoud. L'assassinat de Yitzak Rabin, premier ministre travailliste, par Yigal Amir, colon israëlien fanatique, porte en revanche sa signature. Avec un effet déflagrateur, inespéré et multiple : mort annoncée du processus d'Oslo, triomphe des colons israéliens fanatisés, poursuite pour longtemps du conflit entre Etat d'Israël d'un côté, "autorité palestinienne" et Hamas de l'autre.

Il y a la guerre russe en Afghanistan et les guerres occidentales d'Irak. Après l'attentat contre les tours du World Trade center de New-York en 2001, Ben Laden, souriant, déclare que l'Occident, désormais, ne pourra plus dormir tranquille. Avec la deuxième guerre d'Irak débute une ère où l'instabilité est reine, aggravée, en économie, en diplomatie et sur le plan militaire, par l'entrée de la Chine dans l'OMC en 2001. La mondialisation néolibérale et sa fascination pour les dérégulations fabriquent les futurs illisibles et imprévisibles. La ruée vers l'immédiat condamne l'anticipation, la planification - qu'elle fait passer pour soviétique. Enterrement assuré.
Qui n'a jamais ressenti une profonde inquiétude, ces trente dernières années au moins, face à une marche du monde faite d'exploitation maniaque, sans vergogne, des ressources naturelles et humaines ? Michel Serres, peut-être, et autres idiots du village planétaire. Pour lesquels le souci de conserver les équilibres sociaux et environnementaux traduit forcément une fascination pour le passé. "C'était mieux avant, uh-uh".

Ce qui est écrit d'avance, ce que nous lègue l'histoire récente, c'est une planète épuisée, privée d'horizon par une idéologie mortelle (qu'on dénommera "capitalisme" privé ou d'Etat, pour faire court) et ses déjections nationalistes, incapable de mobiliser l'intelligence humaine pour anticiper les catastrophes climatiques (l'anticipation collective étant contraire à la règle économique individuelle), terrain de jeu pour des illuminé(e)s qui en ont mesuré et perçu les déséquilibres et les fragilités. Heure de gloire. A moi, les réseaux "sociaux", à moi les Kalash, les camions écraseurs, le poignard vengeur. A moi l'imposition et la maîtrise d'un nouveau tempo politique, les titres des médias, l'émotion des puissants, la crainte des pauvres à leur dévotion.

En cela, oui, la concomitance du libéralisme économique et des folies individuelles est écrite d'avance. 

samedi 24 décembre 2022

PREVISIONS EXCLUSIVES POUR 2023

Ces prévisions annuelles sont le fruit d'un travail de plusieurs dizaines d'années. Les précédentes, qui portaient sur l'année 2022, ont été couronnées de succès : plusieurs faits susceptibles de se dérouler en France au soir de 2021 ont bien eu lieu en 2022. Citons notamment 730 000 naissances et 660 000 décès (*),  la diminution nette du temps passé à l'hôpital en bonne santé, l'allongement continu du temps de loisir des Français sans qu'ils s'en aperçoivent, l'aide enfin apportée à des premiers de cordées dépressifs pour reconstituer des marges bénéficiaires en déshérence, ou le saut spectaculaire de Mme Marine Le Pen de la deuxième marche de l'élection présidentielle en 2017 à la deuxième marche de l'élection présidentielle en 2022.

Nous continuons donc notre oeuvre d'intérêt public.

Plusieurs prévisions pourront vous sembler déroutantes tant elles vous surprendront : leur objet est justement de vous fournir une arme temporelle à même de vous permettre de maîtriser votre destin.

Bonne année 2023 !

2023, année de l'emploi et du savoir-vivre

. Dès le premier trimestre, des milliers de sans-emploi se verront proposer des postes d'avenir à Doha. Sur place, délivrés de passeports encombrants, libérés des emprises étatiques, ils connaîtront les joies de la vie en collectivité, du coucher au lever, dans des locaux spacieux dotés de lits jumeaux sur trois niveaux, et branchés jour et nuit sur TF1. Pour ces jobs très cool, l’accord passé entre autorités françaises et qataries prévoit un distingo possible entre période d’essai et période décès.

. Au deuxième trimestre, la société "Parnasse" enverra des milliers de jeunes en formation dans un riad de Marrakech, où Dominique, coach hyper cool, souriant et tout ("Dom" pour les jeunes) les initiera aux vertus transcendantales du billet de 100 dollars. Entrés à Marrakech avec le statut de riens-que dalle, ils en sortiront munis du diplôme de DScaïd, et exemptés de stage de formation au Sofitel de New York.

. Contre les nuisances occasionnées par les éoliennes, et soucieux de décarboner l'économie, M. Emmanuel Macron fera voter une loi obligeant tout propriétaire d'un lopin de terre au-delà de 10 m2 à y faire installer un EPR nouvelle génération. La création de 3 millions d'emplois et d’autant de millions d'euthanasies volontaires sur 3 ans est prévue.

2023, année de la culture

. Tout juste nommée Ministre de la jeunesse et de la culture, Mme Line Renaud instaurera un "Passe-passe culture" qui permettra à des jeunes qui n’ont pas su répondre à l’appel de la nouvelle économie, ou ont jugé indispensable de refuser une offre d’emploi de serveur en salle chez McDonald’s, de trouver du réconfort en s’offrant un CD de Michel Sardou à moins 30%,

. Mme Line Renaud ouvrira enfin aux jeunes les portes des Musées, en leur facilitant l'obtention d'un CDD de gardienne ou de gardien,

. Toute nouvelle implantation de centre commercial en zone naturelle artificialisée sera interdite, sauf si le centre commercial accueille une troupe de spectacle vivant devant l’entrée du Leclerc ou du Auchan, à raison d’une heure par semaine (en moyenne),

2023, année du patrimoine

. Pour libérer la mémoire nationale de souvenirs accessoires, les noms des morts des regrettables échauffourées ayant opposé la France et l’Allemagne de 1914 à 1918 seront remplacés, sur les monuments aux morts, par ceux des victimes innocentes d’étrangers en situation irrégulière sur notre sol,

. L’inscription sur la liste des monuments historiques sera désormais ouverte limitativement aux châteaux familiaux excédant 3 000 m2 habitables, 55 hectares de jardins, et dotés de 25 tours minimum certifiées,

2023, année politique

. Gravement mis en cause pour une régurgitation inexpliquée de sa fille â l'âge de deux mois, M. Adrien Quatennens créera le MLAQ (Mouvement de Libération de Adrien Quatennens),

. Dénoncée au sein-même de son groupe pour non-respect du code vestimentaire imposé à tous les parlementaires du Rassemblement National, Mme Marine Le Pen portera désormais un costume bleu et une cravate,

.  M. Jacques Attali et M. Jean-Pierre Raffarin travailleront à la création d’un parti politique nouveau et fortement innovant, avec pour objectifs la jeunesse et la liberté,

. La Boisserie, ancienne résidence du Général de Gaulle, sera déplacée dans les jardins du Conseil Régional de Auvergne-Rhône Alpes, ou dans le jardin personnel du Président de la Région. Celui-ci n'écarte pas officiellement d'aller en personne casser la gueule à Xi-Jing Ping,

. M. Jean-Christophe Lagarde créera en 2023 des partis politiques nouveaux et fortement innovants, jeunes libres et pleins d'amis. Il n’en a pas encore fixé la quantité,

. Un Comité et un site « Mélenchon 2032 » seront fondés dès le premier trimestre,

. En phase définitive avec la société, Europe-Ecologie Les Verts créera une commission spéciale contre l'écologie punitive,

. M. Fabien Roussel l'assure, il lira moins mais mangera plus,

. Le Parti Socialiste engagera des démarches en vue de faire annuler le congrès de Tours.

 





(*) Chiffres des années précédentes, qui pourraient rester valables les années suivantes.

Membres

Qui êtes-vous ?

Quelqu'un qu'on sait être qui il est sans se douter qu'il est plus proche de celui qu'il n'a jamais été.