mercredi 26 septembre 2018

COMMENT DIRE A AMAZON QU'ON L'EMMERDE ?

Ce n'est plus Dieu envoyant son Fils sur terre pour nous sauver; ce n'est plus Pablo Escobar descendant de son 4x4 pour distribuer des billets de banque aux habitants de Medellin, devant les caméras; ce n'est pas le Père Noël.

Non, non, rien à voir avec tout ça, évidemment !

Indépendamment de ce qui précède, donc, Amazon vient d'annoncer la création de milliers d'emplois dans ses entrepôts (Bove, Amiens, Saran, Montélimar, Lauwin-Planque, Sevrey, bientôt suivis par Brétigny sur Orge). Les journaux et radios précisant que "les premiers candidats à se présenter seront les premiers servis".

Boucle bouclée. Amazon a trouvé fin des années 2000 un ancien monde déjà à l'agonie. Après signature de l'acte de décès, Amazon et autres Gafam en bâtissent un nouveau à leur convenance : au menu, un travail rare et aux conditions quasi-exclusives de l'employeur, du rude, du cruel, des vies précaires, privatisées, déstructurées, des camions partout, des paysages détruits.

Les "offres" d'emploi d'Amazon tiennent de la dose de méthadone pour une société abrutie de chômage. Contre la promesse de livraison en 24h/48h d'un four à micro-ondes, d'un roman en poche et d'une robe, contre la vision du consommateur-roi qui peut obtenir tout, tout de suite, la société consent à envoyer ses jeunes, abandonnés au chômage et à l'ennui, subir un travail à la seule sauce maison, épuisant, pour des revenus scandaleusement bas - mais avec une belle carotte de "réalisation et d'épanouissement au travail".
Ou quand les "jobs" remplacent les emplois, et le "challenge" (à prononcer "tchalainege") le défi.

Amazon et ses thuriféraires (en dehors du Président de la République, on trouve parmi eux des personnalités socialistes) vous affirmeront sans rire qu'un jeune au travail vaudra toujours mieux qu'un dealer. Tant que ce monde et son économie seront ce qu'ils sont, un emploi en entrepôt chez Décathlon, H et M ou Amazon sera mieux que rien. Tant qu'il en sera ainsi, aux "offres" d'emplois d'Amazon, notre société ne pourra pas dire "non", sauf à se voir reprocher de ne pas vouloir combattre le chômage.
Nous en sommes là : nous ne choisissons plus Décathlon, H et M et Amazon. Nous les subissons avec l'illusion de notre liberté vis-à-vis d'eux.

A ce jour, on ne dit pas à Amazon qu'on l'emmerde : via ses "offres" d'emploi, c'est Amazon qui le fait et nous le fait grâcieusement savoir.
























600 camions attendus chaque jour d’entrer sans encombre sur l’autoroute A1

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