dimanche 20 juin 2010

POTIN D'UN 11 JUIN SEVRANAIS

"Le marché n'est craint
Que par qui le veut bien"

Il était un été où tout clochait, ou à peu près tout.
Le monde jouait encore, toujours, à la veillée d'armes, l'économie sifflait la fin des réjouissances, il fallait ramper de nouveau devant la Grande Phynance, mordre l'asphalte et se rappeler une bonne fois qui commande le monde.

Non, non, Marceau, foin d'envolée indignée, le capitalisme, le chômage, machin-truc, non. Mais un détour ronchon. Un aveu de fascination devant notre genre humain, depuis des lustres sous la botte des religions, des guerres, des Etats, et, moyennant la promesse égoïste, illusoire, d'une part résiduelle d'eldorado à conquérir sur le dos du voisin, incapable aujourd'hui de s'affranchir de l'ultime fléau. Parce que l'économie, le Capital - c'est bien lui - offrent de détruire, tout, planète, genre humain, et que le genre humain n'a sans doute, lui, de fascination que pour sa propre fin.

Toute la planète est donc sous le joug. Toute? Non! Près de Paris, dans une petite Ville glorieuse de 50 000 héros, une rue a résisté en s'offrant une session de bonheur. La République a trouvé refuge un soir, rue Maurice Berteaux, à Sevran.

Les vingt-cinq à trente citoyens de la République Maurice Berteaux ont dressé la table, puis le banquet s'est tenu.





On prépara dès le début de l'après-midi.
Le matin, la rue fut vidée de presque toutes ses voitures. De mémoire de Madame Latimier, doyenne des résidents, on n'avait jamais vu ça.
Une rue sans voiture... un événement à la petite échelle de Maurice Berteaux. On imagine - rapprochement hardi - les riverains de Roissy, quand le volcan islandais paralysa le trafic aérien.




Les préparatifs ont démarré vers 18 heures, les premières tables ont été plantées au milieu de la rue, avec, dessus, les premiers plats et boissons.




Peu à peu, le petit Peuple des disciples de Maurice Berteaux a pris place au beau milieu de "sa" rue.

Ca t'avait l'air d'un putsch, Marceau ! Imagine, si on avait décidé, là, tout à trac, de la fondation de la République autonome autarcique souverainiste (gros mot, je sais) de Maurice Berteaux ? Au moins deux résidents ont des plants de tomates, survie alimentaire assurée, on pouvait creuser des tunnels vers chez Maurice, chez M. Tardif et Alexandre et Madame, les primeurs de l'avenue de Livry.
La tête du Maire !


Arrive une première personnalité...





... André Prieur !
Dédé 1er, Roi des Prieurs, ancien Maire adjoint.
Comme la Reine d'Angleterre s'était excusée et que Benoît XVI tardait à arriver, voir débouler super-Dédé nous a rassurés et nous a fait plaisir.





L'installation se poursuit.




Il y a sur les tables à boire, et encore à boire, et à manger pour la terre entière, la peur de manquer plutôt que celle de manger, c'est bon, très bon, saveurs portugaises, françaises, thaïlandaises, la world-food est à l'assaut de Maurice Berteaux.








Puis on assiste à la prise de la rue...





... Par les enfants.






... Et c'est prêt :

L'apéro n'en finit pas.
Le papotage s'éternise (personne n'est en cause, même pas la jeune convive sur la photo de gauche, de face au second plan).



Il est temps de passer aux actes.



C'est le moment pour une deuxième personnalité de franchir la frontière et se mêler à la foule.

L'invité de marque est arrivé en compagnie de Nathalie, d'Emma et de Lucas.

On est en pleine coupe du monde. La Syldavie orientale, malgré l'entrée sur le terrain d'un joueur mal-voyant, inflige une sévère correction à l'équipe poméranienne, qui a fait entrer un joueur ambidextre et irritable. A la 180 ème minute, l'arbitre siffle les prolongations et le remplacement du match par une partie de belote, sous les Vuvuzela exubérantes. L'invité de marque ne veut rien en rater, de peur d'être sous le niveau de la mer.


Lui et sa Famille ont été suivis par Pirouette.
Mal en a pris à Pirouette.
Car Emma et Lucas le prennent en filature. Sus à Pirouette (qui finit par demander l'asile politique au 1 rue Maurice Berteaux) :



Après négociation acharnée, Pirouette obtient l'annulation des poursuites le concernant et l'asile politique, moyennant non-ingérance dans les affaires intérieures du 1 rue Maurice Berteaux, qui héberge déjà par intermittence Titou et un gros chat blanc. Pas question d'affronter des troubles de l'ordre félin et public.


Le jour commence à tomber.



Entrée en scène du 1er adjoint au Maire.
Une video atteste sa présence et son impressionnant - et désormais légendaire - appétit; video trop lourde pour apparaître sur le présent document mais à la disposition de qui voudra.







Il est plus de 21 heures quand interviennent deux derniers invités de marque, qu'on nommera Django et Gégé. Le premier se dresse en bout de table et à-même la table avec sa guitare manouche, et que croyez-vous qu'il exécute? "Aux Champs Elysées". Si. Celà-même.



La nuit est tombée quand survient le second :


Ainsi le plus grand groupe du monde, Père et Fils Geoffroy coalisés, fait vibrer les Berteauxistes; le swing irradie, défilé des tubes immémoriaux, la Fête gronde, les maisons s'en envoleraient presque; couronnement du tout, notre voisin d'en face rapporte à Madame Vieira les clefs de sa voiture, qu'on lui a volées quelques jours plus tôt et qu'il a retrouvées devant chez lui.

Du coup, elle l'embrasse.

Et la Fête bat en retraite sous les assauts de l'heure et de la nuit, Django et Gégé n'ayant pas poussé leurs derniers accents...



Et cette soirée dit assez bien la précarité de la République.
Elle avait commencé par l'union des Citoyens Berteaux, s'était poursuivie par un banquet et terminée en musique, marque incontestable et profonde de la République.
La précarité et le rêve ont parfois partie liée.
Et qu'importe si notre soirée fut utopique, puisqu'elle, l'utopie, se mua en réalité quelques heures durant et fit la démonstration - bienvenue - de sa propre précarité.

Dis, Marceau, on rêve assez?
J'ai des doutes.
Ou des rêves.

Vive la République.

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Quelqu'un qu'on sait être qui il est sans se douter qu'il est plus proche de celui qu'il n'a jamais été.