Le marché nous sourit!"
Marceau, mon très involontaire Camarade, cinq mois que tu es l'invité du présent registre des incertitudes bougonnes et flottements coléreux du gars moi-même. Pas une seule objection de la ligne politique ou des termes employés depuis mars : preuve de discipline socialiste, valeur aujourd'hui enfouie.
Le complot pivertiste est en marche
Pourtant la rumeur montait jour après jour au sein des cercles autorisés, loges bétonnées, sectes, clubs, assemblées dissemblables, d'un putsch pivertiste contre ce blog pourtant pivertiste.Des mouvements de faucons rouges étaient signalés ça et là, jeunes bardés de drapeaux rouges hurlant des "El Marceau unido jamas sera vencido".
Le ministère fermait les yeux mais empilait les indices de l'explosion redoutée; les arrestations étaient planifiées, dont celle d'un jeune conseiller municipal divers-gauche et atomisé de Sevran.
La France voyait, angoissée, se réinstaller un cycle historique, avec pour départ un nouveau front populaire, et, à l'arrivée, la guerre.
La guerre.
Les privations. Plus de Boursin aux fines herbes au rayon "frais" de Carrefour, inconcevable. Tout ça parce qu'un ancien chef socialiste mort depuis longtemps attendait son heure pour une marche triomphale sur la Capitale !
Embêtement : quel vieux Maréchal pouvait bien faire le don de sa personne à la France face à l'adversité? Personne n'avait le profil, mais il s'en trouva quand-même un. "Bonchoir Bédabes, bonchoir bédeboizelles...", poussa-t-il sur TF1. C'en était déjà trop.
On basculait dans le cauchemar pivertiste !
J'ai demandé une protection publique. La menace pesait sur moi, avant tout : appels anonymes, colis piégés ou voitures-suicides jusque dans le jardin de la rue Maurice Berteaux, tout était possible et méritait au minimum la haute protection de la Mairie de Sevran.
Ils n'ont rien fait.
Un premier adjoint au Maire a marmonné, l'oeil absent, qu'on pouvait à la rigueur m'envoyer un garde urbain à la retraite dix minutes par jour ouvrable.
Une honte. Tous des pivertistes.
Pendant ce temps, la presse bourgeoise s'est emparée du dossier. Etat d'urgence? Revanche du marxisme sur un système libéral en crise? Pasqua attendait son heure, on le savait bien.
La réaction anti-pivertiste s'organisait prestement.
Les cercles zyromskistes recrutaient. Mais qu'est-ce qui pouvait bien conduire ces crétins à organiser la résistance au social-fasciste Pivert en envoyant machinalement des armes en Espagne? Soixante-dix ans après!?
Bernard Thibault affirmait dans "Le Monde" qu'il était sorti précipitemment de chez lui en robe de chambre et pantoufles, la nuit précédente, après avoir entendu la voix de Benoît Frachon lui enjoindre de "prendre les armes contre l'hitlero-trotskyste Pivert qui menace des décennies d'acquis ouvriers" (Jean-Christophe Le Duigou en profitait pour ne pas totalement démentir que l'Elysée avait pris contact avec lui. Genre : "fuyons").
Une manifestation place de la République rassemblait trois touristes qui cherchaient la rue de la fontaine au roi.
Emoi parlementaire.
Questions d'actualité au gouvernement. Marie-George Buffet de demander au Ministre de l'intérieur si "les femmes et les hommes de ce pays sauront un jour la vérité". Le Ministre de lui répondre : "Et Kravchenko? Vous voulez qu'on reparle de Kravchenko?"
Chute historique de la Bourse et des cours des haricots à Rungis.
Plan de paix proposé par "Le Pivert de Marceau" à Marceau Pivert
Pivert, je propose un plan de paix en cinq points.
Sans savoir lesquels, peu importe, on improvisera.
Premier point : le blog va redevenir pivertiste. Il s'est éparpillé, j'en conviens. Dont acte, la IIème internationale a pris quelques missiles dans les dents, mais le grand Marceau Pivert ne va pas prendre la défense de ce vieux raffiot dévoré par l'asticot libéral!?..
Deuxième point : je dois préparer une salade de riz pour ce soir, Cathrine m'en ayant fait la demande.
Troisième point, qui n'a strictement rien à voir avec ce qui précède, mais, Camarade Pivert, je suis en congés, et quelque peu en congés de raison : je te présente donc une idole des écrans et des radios de ce début de siècle, un patron, certes, mais, pardon, pas n'importe-quel patron, ah, que non.
Ce patron-là est jeune-beau et moderne, éligible au statut de gendre idéal de la ménagère de 40 à 95 ans. Un mec, Marceau, un vrai. Il s'est mis dans la tête d'en finir avec le vieux conflit capital-travail, sûr qu'un "autre" patronat (qu'il faut appeler "management" aujourd'hui, ça fait propre, dynamique et clinique, ça claque fort) est possible et capable de faire émerger un "autre" salariat (traduis : purgé de la CGT, de FO et de quelques autres). Il a dirigé "The phone house", il siège au CA de Virgin et de Peugeot-Citroën, il a présidé "Croissance plus", un truc moderne et tout, sympa et tout, qui veut améliorer l'image des patrons. Merde, quoi, il veut nous convaincre qu'un patron est comme lui : sympa et tout.
Proche de nous.
Proche des gens.
Ce que ni toi, Marceau, ni moi-même n'avons jamais contesté.
J'en ai connu, des patrons de qualité. Un d'entre eux a appris, la semaine dernière, qu'il était démis de ses fonctions de Président d'une entreprise d'Edition qu'il avait portée à un rare niveau de qualité et de rentabilité.
Mais bon, notre jeune et dynamique manager au beurre salé, Geoffroy Roux de Baizieu, est sûr, mordicus, qu'on se trompe tous, que "le système" n'est pas pourri, qu'on manque tous de coeur et de bon sens, et que si on en avait assez "le système" produirait du bonheur à satiété et Besancenot ne franchirait jamais la barre des 10%. C'est sa thèse. En gros.
Voilà, c'était mon troisième point, et comme on ne va pas y passer la nuit, Marceau, il n'y en aura pas d'autre.
Car je reste pivertiste. Ca devrait faire l'affaire.
On signe?
Tu retires les Faucons rouges de mon Jardin? Ils font peur aux chats.