Sacré Jauni.
Cette chose appelée "blog", qui se réfère depuis le premier jour à Marceau Pivert, personnage-clef du socialisme, s'ouvre exceptionnellement à ce que la société du spectacle a pu créer de plus parasitaire en France ces 50 dernières années; l'auteur de ces lignes a bénéficié d'une invitation à assister à un de ses derniers concerts .
...Prologue...
Un concert du Jauni, c'est une fois et demi la population de Sevran, souvent des gens modestes, qui s'entasse dans le stade de France pour écouter et voir un homme qui, en 50 ans de carrière, n'a jamais écrit ni composé. Jamais rien créé, pas même un son de guitare.Il a rempli le stade trois fois.
Jauni. Juste une image, changeante à travers les décennies; histoire de durer le plus longtemps. A ses débuts, fade ersatz d'Elvis et de Cochran parrainé par Line Renaud; puis jeune Français moyen, faux rebelle et vrai conformiste au coeur des 30 glorieuses, copieur de la culture anglo-saxonne et acquis à la variétoche gauloise et gaulliste; puis insupportable réplique des hippies US, miroir déformé de la contre-culture des 70s à laquelle il ne comprenait rien, et enfin, depuis 30 ans, image de synthèse : rockeur (encore que...) grognon giscardien chiraquien et sarkozyste, ingénu innocent avide d'amûr, en butte aux saloperies du monde avec pour seules défenses sa moto et la mûsi-queu, le plus souvent insipide.
Et lui, richissime.
... Le concert, à présent...
Marceau, planté entre Saint denis et Paris se tient aujourd'hui le stade de France. 80 000 places.Ce 29 mai, tout le stade de France attendait l'entrée en scène de Jauni, comme jadis on appelait Baubet à démarrer le tour du vel d'hiv ou Maurice à enflammer la Fête de l'Humanité. On ne soucissonnait pas, ce 29 mai, on n'attendait pas de changer le monde, d'abattre les valeurs bourgeoises, redistribuer les richesses, abolir les inégalités.
On attendait Jauni.
Le jour tombait peu à peu. Et tout à coup, Jauni est apparu !
"Jauni", hurlait la foule.
Puis une voix s'est fait entendre face à Jauni, assez puissante pour couvrir toutes les autres :
"Va donc, vieux schnoque!"
C'est alors que Jauni s'est emparé du micro et a répondu, de sa voix forte :
"Toi, ta gueule, Féééééérme-la ta gueule !"
Derrière lui est apparu son orchestre, ainsi a commencé le concert.
Une légende, le Jauni.
"Toi, ta gueule" terminée, il s'est planté là, au milieu de la tribune. Fixe.
Quelques privilégiés ont pu l'entendre marmonner "Debû, les damnés deu la téééé-reu", le voir lancer en l'air un poing rageur. Fixer les 80 000 personnes qui le fixaient. Et pleurer une larme de coke.
Puis, se souvenant vaguement de pourquoi il était là, le Grand Jauni a désigné la foule du doigt. 80 000 personnes cherchaient à droite, à gauche, derrière ou devant eux qui le Maestro désignait ainsi.
Un râle, un filet de bave, et il a recouvert tout le stade d'un vibrant "Oh l'Ami, si tû savé, tû le mal que l'on m'a fé".
Et là, surprise, j'ai compris qui était la cible de son courroux :
C'était moi.
Il m'en voulait, Marceau, je ne savais pas pourquoi.
J'aurais aimé abréger sa peine, lui dire "allez, coco, pas que ça à faire, on va tous gagner du temps, tu vas rentrer dans ta loge, te faire une ligne, descendre ta fiole de whisky et rentrer chez toi. Viens, j'appelle Laeticia si tu veux. Viens, mon Jauni!"
Mais je n'ai pas pu, ou pas su.
Désespéré, le géant, septuagénaire ex-idôleu dé jeu-neu, a resaisi son micro, hagard, perdu et flattant manuellement son entrejambes. Secrètement (mais j'ai tout entendu) sollicité un souffleur derrière lui : "Dédé, la suivante, c'é bien "Quelque chose en nous de Kujawski"?. Puis, à la face de ce monde hostile, Jauni a crié "Poire c'est poire, il n'y a plus de poire".
On atteignait un degré rare de complicité avec un public pourtant acquis.
Le Jauni de génie a évoqué d'un ton déchirant sa rupture avec sa dernière conquête, une allemande. "Il est tombé, l'amûr de Berlin", a-t-il sobrement commenté en s'ouvrant les veines.
On en frémissait. C'était du vécu, du vré deu vré au quotidien, qui pouvait être aussi vré comme Jauni?
Puis, à une jeune Fan montée sur la scène pour exhiber sa poitrine devant son idôle, l'animal magnifique, entre deux rots, a sussuré à son micro : "ah que viens poupoule", puis lancé : "Les boutons de ton chemisier, lentement vont se refermer".
Quand le sublime Maestro (c'est trop) s'est de nouveau emparé du micro comme l'égorgeur de sa victime, il a réduit son groupe au silence, couvrant le stade de ses deux mains, et, après quelques secondes de silence solennelles, s'est égosillé :
"Quelqu'un a deux balles sur lui, que j'aille me taper une Kro?".
La nuit noire enveloppait Saint Denis et son Stade de France.
C'était la dernière tournée du Crétinou.
Depuis, lumières éteintes et haut-parleurs muets, gens de petit sortis du stade et retournés aux lendemains précaires, Jauni reparti pour le néant où il est mille fois apprécié, des mauvais coucheurs lancent contre lui, lâchement, dans son dos, des accusations fielleuses :
Jackpot pour Johnny
PARIS : Pour le traditionnel concert du 14 juillet, Nicolas Sarkozy a choisi d'offrir aux Français un spectacle gratuit de Johnny Hallyday. Jusque-là, rien d'anormal. Surtout lorsqu'on sait que les deux hommes entretiennent une amitié de longue date.
Sauf que cette récréation coûtera 1 million d'euros à l'État français et que la moitié de cette somme est destinée à la rémunération du chanteur. Johnny Hallyday devrait ainsi toucher 500.000 euros. (soit 327.950.000 anciens francs !) pour 3h de spectacle ! ...
Smicards, chômeurs soyez cons ... allez l'applaudir ... il s'en tape de vos misères !
Un comble qu'il reçoive cet argent français alors qu'il a choisi de s'exiler en Suisse pour payer moins d'impôts! "Je suis d'accord de payer des impôts, mais il y a une limite", déclarait-il il y a peu. L'hôpital se foutrait-il de la charité?
Deux ans après le concert exceptionnel de Michel Polnareff qui avait réuni un million de spectateurs sous la tour Eiffel le soir du 14 juillet, Johnny, d'origine belge et vivant en Suisse, fêtera la Fête nationale française !
Ce concert sera bien plus lucratif pour Johnny que les autres dates de sa tournée d'adieux. En effet, il ne touchera que 200.000 euros par date. La tournée lui permettra toutefois d'empocher 20 millions d'euros. Un beau petit pactole pour son départ à la retraite !
Marceau, la réussite, le talent feront toujours des envieux et des aigris.