samedi 25 février 2023

Sauvons l’économie de marché (séminaire 1)

Il n'est pas excessif de souligner quels dangers immédiats guettent l'économie de marché, et les potentialités immenses de développement, et de liberté, auxquelles elle donne accès.
Les refus de réformes indispensables, la réémergence d'anarchismes contestataires de l'entreprise et de l'ordre économique, la timidité de l'ordre public censé le protéger, font craindre à court terme un retour du désordre généralisé, que des armées privées ne pourraient même contenir.

Réunis en séminaire de réflexion, nous sommes unanimement convenus de dresser un court état des dangers qui se présentent devant nous à court terme.

Ce premier séminaire (qui s'est tenu en un lieu tenu secret au début de l'année 2023) est consacré aux deux premiers thèmes de la mort assistée et d'une première alternative possible (et nécessaire) au fameux "mamouth", l'éducation nationale.

Le suivant sera consacré à l'enfance et aux retraites.
Nous sommes mus par le vibrant espoir que nos alertes sensibiliseront nos dirigeants actuels et futurs. Qu'enfin le bon sens triomphe des barbaries convenues.

Le piège de la "mort assistée"

Derrière la revendication de la mort assistée, ou volontaire, mise en avant par une « Convention citoyenne », s’en cache une autre, mortifère pour la bonne marche de l'économie : celle de soustraire au marché une tranche d’âge qui promet d’être un de ses principaux rouages dans l’avenir proche.

Un corps encore vivant qui disparaît est un manque à gagner, une déstabilisation de l’industrie du mieux-être (pharmacie et parapharmacie) et un attentat contre les établissements d’accueil pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Le corps diminué est, pour nos forces de création économique et de compétitivité, une chance, un terrain de développement et d’éclosion qui leur revient de plein droit. Les en priver serait un mauvais signal envoyé aux investisseurs, pour la seule satisfaction d'esprits faibles et démissionnaires face aux défis du grand âge.

Nous continuerons, par ailleurs, de nous interroger quant au rétablissement de la peine de mort. Des sentences d’exécution en trop grand nombre auraient pour effet délicat de vider nos prisons d’individus plus rentables et disciplinés, dans leur activité productive pénitentiaire, que nombre d’autres en liberté. La prison est un lieu de plénitude de la valeur-travail, il serait dommageable qu’elle fût à la merci d’une application trop rigoureuse de la peine capitale.

Pour autant, si elles recevaient enfin les autorisations nécessaires, des cérémonies d’exécutions ambitieusement médiatisées, régies par des contrats voisins de ceux qui régissent les retransmissions de rencontres sportives (football…), seraient de nature à vaincre nos hésitations. On serait en présence de marchés justes, avec, d'un côté, des contenus extrêmement rentables pour leurs diffuseurs, et, de l'autre, des foules demandeuses de solutions visibles, immédiates et irréversibles, à trop de problèmes qui assaillent leur vie quotidienne, et frustrées de ces solutions depuis 1981.

                   Le salut du destin individuel et libre, contre celui de l'éducation nationale

Une autre marotte de notre société moderne est de "sauver l’éducation nationale". Pendant que l'on fantasme sur la sacro-sainte connaissance, le diplôme, la "formation de l'esprit", pendant que l'éducation nationale, qui prétend les dispenser à nos jeunes, ruine les finances publiques et n'a jamais empêché quiconque de devenir un escroc ou un agresseur de personne âgée, des secteurs aussi centraux que la restauration rapide manquent de main d’oeuvre. Les mêmes, qui pérorent contre les banlieues reléguées et le chômage qui y sévit, prétendent empêcher que s'y développent des restaurants McDonald's ou Burger King. Or ceux-ci apportent alimentation et animation aux quartiers abandonnés par l'Etat, et permettent de développer un emploi sain : un jeune embauché dans la restauration rapide reçoit une formation de qualité, que lui envient les compagnons de jeux qu'il croise dans le hall de son immeuble, et apprend l'émancipation, le bonheur du travail en équipe, et l'épanouissement au contact souriant des clients.
De surcroît, la flexibilité des temps de travail lui permet, une fois sa mission terminée, fier de sa journée de labeur, de regagner son hall d'immeuble, et de poursuivre d'autres activités commerciales de son choix.

Au même moment, sortent des écoles, grandes ou petites, des individus formatés, inaptes à occuper des postes productifs et rentables, de nature à alimenter l'économie et assurer un partenariat loyal avec un Etat réaliste, enfin respectueux de l'initiative privée. 
Coupés de la réalité économique et du peuple qui se lève tôt, ils n'ont d'abord à la bouche que les mots "salaires", "congés payés", et autres anti-valeurs du passé. Il se passe peu de temps avant qu'on les retrouve détroussant d'honnêtes voyageurs dans le métro ou grossissant les rangs des avaleurs d'allocations-chômage, le plus souvent fraudeurs. Si, comme il y a tout lieu de le craindre, nos gouvernants ne dessaisissent pas d’urgence l’Etat de prérogatives usurpées, dont l’éducation (d’incontestables progrès ont été accomplis dans cette voie), c'est une armée de robots improductifs qu'il nous reviendra d'introduire dans les cycles de production pour assurer notre compétitivité. L'immensité de la tâche requerra de sa part un effort financier considérable en faveur de nos entreprises.

                                                   --- Fin du séminaire 1 ---

vendredi 3 février 2023

Adresse à M. Jérôme Sainte-Marie

Monsieur,

Deux courts préalables .
Le premier : vous êtes très talentueux. Le deuxième : on prête à Voltaire le fameux "je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire". La citation serait apocryphe. Peu importe. Je ne sais pas pour quelle idée je mourrai volontiers (la République, sans doute), alors autant ne pas trop s'avancer, mais, pour moi, votre liberté de vous exprimer comme bon vous semble est comme les autres, inviolable.

Passés les préalables, allons au sujet.
Vous étiez un sondeur intéressant, brillant, vous êtes toujours cela, et aussi, depuis quelques temps, un militant nationaliste, au service de Mme Le Pen. Les animateurs de télévision vous apprécient : vous défendez avec brio, calme, culture et humour, une idée qui a commis des ravages dans le paysage politique, et qui, si elle n'était pas contenue, porterait la possible agonie de la République. Vous la défendez avec tant de ce talent dont il est question plus haut, qu'à vous seul vous la faites efficacement progresser.

L'idée s'articule en trois parties : 1 - la gauche est décrédibilisée, et inopérante pour accomplir sa mission historique de défense des classes populaires, 2 - lesdites classes populaires, toujours demandeuses de défense et protection de leurs valeurs et intérêts matériels et moraux, se dérobent à la gauche et se sont tournées, et se tournent toujours, vers le R.N., dépositaire aujourd'hui de la mission de les défendre, 3 - la gauche ne peut, elle, se dérober aux classes populaires, sauf à les trahir une seconde fois (voir plus loin).
Vous ne le dites pas mais le susurrez : le R.N. ayant succédé à la gauche, elle n'a d'autre choix que de le rallier, ou, carrément, lui laisser la place.

La première des trois parties repose sur un constat réel. Vous seriez crédible en la rappelant, si, malheureusement pour vous, vous ne preniez pas au passage vos désirs pour une réalité.
C'est aujourd'hui reconnu partout, sauf par les sociaux-médiocrates endurcis : oui, la gauche française a brutalement rompu avec les classes populaires il y a 40 ans, le fossé atteignant des proportions gigantesques depuis. L'alignement socialiste sur l'Europe et la mondialisation néo-libérales d'un côté, la chute de l'URSS de l'autre, ont plus fait pour creuser un abîme entre la gauche et le Peuple que des décennies de propagande de droite. Pire : à mesure qu'elle les décimait, la gauche tentait de convaincre ses militants et électeurs que c'était pour leur bien. Le bourreau était bienveillant : constante des discours mitterrandien, rocardien, puis hollandais.
Ainsi la gauche officielle est devenue gauche libérale de marché, la gauche communiste la vouant aux gémonies, tout en négociant avec elle des places éligibles dans les communes, les départements et les régions.
Et la gauche tout entière de s'étonner de ce pied de nez qui a consisté, chez beaucoup de ses militant(e)s et électeurs (trices), à la quitter, s'enfermer dans le mutisme civique ou dans le vote nationaliste.

Vous partagez probablement ce constat.
Et en déduisez que le fruit est mûr. Devenu culturellement et politiquement hégémonique dans le Peuple, le R.N. va voir venir à lui l'ancienne gauche en lambeaux. Ainsi la gauche, disiez-vous sur le plateau de "C ce soir" jeudi soir 2 février, se ralliera, ou porterait la responsabilité d'une division de la contestation de la réforme des retraites - et de son vote au Parlement.

Vous me faites penser, Monsieur Sainte-Marie, à cette scène de "Rebecca", le film de Alfred Hitchcock (d'après Daphné du Maurier), dans laquelle la terrifiante domestique de Manderley, trop nostalgique de son ancienne patronne pour laisser la nouvelle prendre place au manoir, l'hypnotise, et tente de la faire sauter par une haute fenêtre. "Sautez, mais sautez donc, vous en avez envie, vous le voulez...".
Pas de chance : elle ne saute pas.
Par contre, la domestique, Mrs Danvers, met le feu au manoir.

Nous sommes devant un potentiel point de bascule. Le fil est tendu. L'effort déployé par vous-mêmes et les 89 robots nationalistes en costumes bleus de l'Assemblée Nationale pour annoncer l'ordre nouveau est puissant. Parallèlement et mille fois plus efficacement, la mécanique macronienne (qu'on continuera d'appeler néo-libérale, faute de mieux) continue ses ravages dans une population de plus en plus convaincue que, laissée à elle-même par un système économique et un gouvernement qui ne veulent pas d'elle, elle n'a d'autre choix que la dépression, ou la violence.

Nul ne peut savoir ce que sera la réaction populaire, quel que soit le destin de la réforme des retraites. Si nous arrivons à l'arrêter dans la rue, notre devoir continuera d'être aux côtés des victimes de ce système inégalitaire.

Notre autre devoir, Monsieur Sainte-Marie, nous qui avons la Raison chevillée au corps et à l'esprit, sera de tout faire, tout, pour soutenir ces victimes, qui seraient demain les vôtres, tout en continuant de vous combattre, tout en essayant, par tous les moyens de l'intelligence, de convaincre nos concitoyens, de toutes origines ethniques ou géographiques, régularisé(e)s ou en attente de régularisation, que vous portez au mieux une supercherie. Au mieux.

En bref, nous ne nous rallierons pas.
Mais, et là encore vous avez raison, le travail pour que la gauche ait une allure présentable auprès de ses futur(e)s mandant(e)s, à conquérir ou reconquérir, est pharaonique. Aucune illusion n'est possible. Nous avons trop peu de temps pour être nos mauvaises copies, le travail, le courage, le dépassement, l'intelligence seront les carburants vitaux, faute desquels il vaudrait mieux ne rien tenter.

Heureusement, Monsieur Sainte-Marie, vous êtes là. Au cas où il manquerait à tel(le) ou tel(le) d'entre nous la plus petite motivation, vos annonces tranquilles de l'inévitable basculement de la République vers son délitement forgent une volonté, jusques-et y compris chez le rédacteur de ces lignes, pourtant le terrain d'un doute quasi-méthodique. Je me reconnais dans la formation la plus honnie de la Nupes, qui n'est pas chaque jour une bénédiction divine pour ses militant(e)s, mais j'y suis et j'y reste. Non par attachement affectif ou aveugle, mais parce que l'extrême dureté de ces temps, et les tentations irrationnelles qui émergent chaque instant (dont le R.N. est une puissante illustration), appellent à la responsabilité de chacun(e).

Je prends la mienne, et vous adresse, Monsieur Sainte-Marie, l'expression de ma considération distinguée.




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Quelqu'un qu'on sait être qui il est sans se douter qu'il est plus proche de celui qu'il n'a jamais été.