samedi 25 mars 2023

Réforme des retraites, échec social-démocrate

Il aura tout essayé pour faire passer sa réforme. Mais tout a mal tourné, et il n’a plus qu’un levier pour y arriver : l’usure, la lassitude, devant l’évidence que contester coûte cher et fatigue, quand la fatigue est déjà si forte.
A moins qu’il parie sur un conflit dur, une conjonction favorable des étoiles pour l’emporter, et un écrasement de l’indignation par ce valium social qu’est la résignation.

Toujours est-il qu’au passage, la méthodologie sociale-démocrate a, d’emblée, doublement échoué.

Premier échec, lever l’ancre sans la seule force à même d’éviter à la traversée de tourner à la galère, la CFDT. Pas de chance : pour son avant-dernier congrès, une motion de refus du décalage de l’âge de départ en retraite avait valu au secrétaire général de passer près d’une mise en minorité. Il ignorait le coup de semonce, il soutenait le projet de réforme, et, pour le prochain congrès (son dernier), près de 40 ans de travail pour intégrer la CFDT dans l’économie sociale de marché européenne risquaient l’annulation.
Non seulement il n’a pas pris le risque, mais son investissement dans l’intersyndicale en a surpris plus d’un. Même s’il n’a pas pu s’empêcher, dans le même temps, depuis d’envoyer des banderilles à la CGT et à la Nupes.

Et donc, faute de soutien côté centre-gauche, on s’en alla à la pêche au centre-droit et à droite, et on connaît le résultat.

Deuxième échec, tenter la méthodologie sociale-démocrate du donnant-donnant, gagnant-gagnant : sa réforme tourne au vinaigre ? Il veut la vendre quand-même, à des syndicats ignorés jusque-là, et, promis-juré, on négocie ensuite sur tous les sujets qui fâchent : travail, partage des richesses… 
Faire avaler une pilule économique, façon louche d’huile de foie de morue, et faire miroiter un gain social en récompense : l’enfance de l’art social-démocrate.
Hélas, ça ne marche pas plus.
Le mécanisme aurait pu fonctionner s’il avait été présenté dès le début de l’opération : on aurait peut-être vu la combativité du secrétaire général de la CFDT trembler sur ses fondations, devant la possibilité que s’illumine de nouveau l’autel du compromis.
Mais, en rattrapage d’une opération de bas étage et complètement ratée, l’opération était sans crédibilité possible.

Reste le compromis social, malmené comme jamais avec ce projet de réforme : l’instrument d’une recherche de justice redistributive, avec le capital aux manettes et le travail en suiveur de bonne volonté, clef de voûte de la social-démocratie, a comme du plomb dans l’aile.





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