vendredi 29 décembre 2017

LES DIX PREDICTIONS EXCLUSIVES DE RAOUL BENARD POUR 2018 !

. En 2018, le monde nouveau (TM) sera plus nouveau que le monde moins nouveau que lui, sauf s’il devient ancien par inadvertance.

. Auquel cas, en 2018, l’ancien monde nouveau prendra la place de l’ancien monde ancien, lui-même devenu monde nouveau, qui deviendra nouveau du seul fait qu’à son nez et à sa barbe l’ancien nouveau sera, lui, devenu nouvellement ancien.

. En 2018, si, et seulement si, le fait est confirmé, il conviendra d’annuler les dispositions nouvelles frappées d'ancienneté émanant de l’ancien monde nouveau devenu ancien. De même aura-t-on soin de veiller à ce que les hobereaux perdus dans les hémicycles de la République dans la position En Marche, sans avoir trop suivi les événements, ne se présument dans l’obligation de marcher en arrière pour acter l’ancienneté de leur monde nouveau, se dispersent et désertent finalement les hémicycles ; on évitera ainsi aux chambres un vide physique, doublant le vide de sens qu'ils se sont attachés à puissamment incarner.

. En 2018, toute citoyenne, tout citoyen encore syndiqué(e)s, ou ne travaillant toujours pas le dimanche et la nuit, déclarera son conservatisme aux commissariats de police publics ou privés les plus proches, avant affectation à des cellules d’appui psychologique ou de dégrisement gérées par des start-ups sympa avec des managers jeunes et cool.

. En 2018, quelques jeunes assez débiles pour ne pas être devenus milliardaires (*) se verront proposer d'intégrer la start-up GoFast qui leur proposera des jobs cool et sympa, pleins de voyages dans de belles et grosses bagnoles, et pleins de responsabilités; ainsi, ces fainéants deviendront des hommes, apprendront les lois de l'entreprise et dealeront avec hargne, morgue, envie de niquer leur mère à leurs clients, mais intelligemment.

. En 2018, les millions d'emplois stables créés par les lois Travail, dignement rémunérés et dans un climat social pacifique, frapperont d'inutilité et enverront au chômage les agent.e.s de Pôle Emploi - agents publics gras et pullulants, qui, franchement, l'auront bien cherché. Ceux et celles-ci pourront se rendre dans une agence de Job acts, de mini-jobs ou de zero hour contracts nouvellement créées, qui leur permettra d'exercer librement leurs talents d'heure en heure, sans être plombés par un contrat de travail lourd, inutile, illisible, indéchiffrable, indigeste, obscur, marxiste, pouah, pas beau.

. En 2018 on fera des affaires et on gagnera plein d'argent. Les winners de milliers de high rate joint-ventures avanceront step by step vers une success story en targetant leur best practices sans discounter leur business.

. En 2018, une nouvelle fraternité inclusive nous fera dépasser d'antiques schémas de classe et aller vers nos semblables maltraités par la vie.
. En 2018 une force charitable et un cœur empli, une bonté pleine de vigueur nouvelle figera d'obsolescence les solidarités d'antan. Chacun vivra pour l'autre.
. En 2018 cependant, si daventure des éclopé.e.s tiennent à chômer en pantoufles, partent en vacances au soleil, refusent trois ou quatre petites heures de balade quotidienne en réseau express régional pour aller bosser, préfèrant toucher le magot du chômeur en fin de mois sur le dos des cochons de payeurs que nous sommes tous, ils devront à l'évidence en rendre compte et acquitter leur dette envers la société. Faut pas déc.

Heureuse année 2018 !

(*) "il faut des jeunes Français qui aient envie d'être milliardaires" - Emmanuel Macron, janvier 2015

dimanche 17 décembre 2017

VOIR "LES BIENHEUREUX", UN BONHEUR UTILE

Un film est sorti cette semaine, tourné à Alger, beau, lumineux, alerte, vif, plein d'énergie et d'intelligence.

Chronique d'une famille bourgeoise francophone, deux parents sexagénaires qui parlent en algérien et en français à la fois, leur histoire commune, leur héritage politique; la génération qui suit, le fils, ses copine et copains superbement interprété.e.s, toutes-tous aux prises avec un réel social et culturel lourd et un horizon bouché, mais en recherche inlassable de leur coin de bonheur.
Tout ce monde évoluant dans Alger et son soleil, agité par l'omniprésente et lancinante question : partir ? Rester ?


Sofia Djama, 35 ans, réalise ce premier long métrage courageux réaliste et profondément humain - et exposé, en France où elle a miraculeusement déniché un distributeur, à la concurrence, devinez de qui ?

Bon, allez, les ami.e.s, on est revenus de tout, tous combats perdus et illusions dévastées, le vieux monde a gagné, le nouveau sera pour le XXIIème siècle sous agrément astral, si un XXIIème siècle est encore envisageable. Soit.

Mais ça, loosers magnifiques que nous sommes, ça, on peut le faire, à l'abri des fantômes de Pol-Pot et de Milton Friedman, des tentatives sans lendemains d'évolution sociale.

Allons voir ce film, ressortons-en plus forts d'une seule certitude : on échouera sans doute à embellir le monde, le monde sait ne pas nous attendre pour créer du beau... Mais le beau nous appelle, et faute de réponse, la planète vivra au rythme d'Obi Wan Kenobi, et la semaine prochaine "Les Bienheureux" aura disparu de l'affiche.

On laisserait faire ça ?


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Quelqu'un qu'on sait être qui il est sans se douter qu'il est plus proche de celui qu'il n'a jamais été.